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30 octobre 2023
Comment favoriser la poursuite d’activité des médecins de plus de 60 ans ? Enquête
Enquête auprès des médecins de + 60 ans
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L’équipement informatique devient de plus en plus incontournable dans l’exercice au quotidien des médecins. L’enquête « Votre pratique professionnelle de l’informatique »réalisée par l’URPS Médecins, à l’initiative de la Commission Spécialistes de Médecine Générale et de l’Ardoc, a permis d’en révéler les usages.
Cette enquête a été menée par questionnaire adressé par courrier à l’automne 2013 à un échantillon de 8 000 médecins libéraux franciliens (médecins généralistes, dermatologues, cardiologues, pédiatres, gynécologues, ORL, gastro-entérologues, rhumatologues, pneumologues) avec un taux de réponse de 14,5 %.
Parmi les répondants, 93 % sont informatisés, en moyenne depuis 15 ans (les plus informatisés étant les gastro-entérologues et les moins informatisés les gynécologues), ce qui implique le renouvellement des matériels utilisés et des mises à jour régulières. Ainsi près des deux tiers des répondants informatisés utilisent leur ordinateur actuel depuis moins de 4 ans. Les autres équipements très majoritairement répandus sont l’imprimante (95 %), le lecteur de carte vitale (92 %) et le scanner (75 %).
Afin d’utiliser ces outils, les répondants sont majoritairement équipés de logiciels de gestion des dossiers médicaux (86 %) et de télétransmission (85 %). Viennent ensuite les logiciels de comptabilité, utilisés par les deux tiers d’entre eux (67 %), et les logiciels de gestion des agenda-rendez-vous (60 %).
Dans ces conditions d’utilisation, la pérennité des outils informatiques devient indispensable à l’exercice et c’est pourquoi 87 % des répondants déclarent avoir recours à un contrat de maintenance pour leur ordinateur et leurs logiciels.
L’usage de l’ensemble de ces équipements nécessite aussi un savoir-faire particulier mais un répondant sur deux déclare un niveau de maîtrise moyen ou débutant et, la grande majorité d’entre eux n’a pas suivi de formation informatique au cours des trois dernières années.
A l’origine des difficultés de la pratique de l’informatique, de nombreux freins sont cités : 45 % des répondants indiquent le manque de temps, 38 % le manque de formation, 35 % le coût de la maintenance et 31% le coût de l’équipement.
Les répondants avaient la possibilité de citer d’autres freins dans les commentaires. Quatre se distinguent : les bugs, les pannes, la lenteur et la contrainte dans la relation avec les patients.
Même si 89 % des répondants (en majorité des médecins généralistes et des cardiologues) ont informatisé l’ensemble de leurs dossiers patients, ils continuent à recevoir les éléments médicaux essentiellement par courrier (à 81 % pour les examens de biologie, 97 % pour les comptes rendus et 84 % pour les résultats d’imagerie). L’e-mail, même sécurisé, est le moyen le moins utilisé. Le fax reste utilisé à 42 %.
Les médecins n’ayant pas informatisé leurs dossiers patients sont de tous âges. Ainsi, bien plus qu’un enjeu générationnel, cette non informatisation semble liée davantage à des considérations matérielles : les médecins concernés invoquent des aspects chronophages et coûteux. Quant au partage informatique sécurisé des dossiers médicaux, plus de 60 % des répondants ne le pratiquent pas. Ceux qui y ont recours le font en interne à leur structure d’exercice et avec des confrères de la même spécialité. Les médecins généralistes et les cardiologues sont ceux qui pratiquent le plus le partage informatique.
Créé pour faciliter les échanges entre les médecins et l’Assurance maladie, l’espace Ameli pro est consulté par 85 % des médecins, dont 40 % au moins une fois par jour. Pourtant, les médecins sont très critiques sur son fonctionnement : près d’un médecin sur deux rencontre souvent un problème de connexion et la moitié considère que le site ne facilite pas leur exercice.
Le service le plus utilisé est de loin la commande de formulaire (82 %), puis le suivi du tiers payant (44 %). Logiquement ces pourcentages sont plus élevés chez les généralistes, qui utilisent davantage le site.
Quant au partage informatique sécurisé des dossiers médicaux, il concerne moins de 40 % des médecins répondants.
À l’heure où la coordination des soins est une priorité de santé publique, il devient donc urgent que l’État investisse dans les systèmes d’information en médecine ambulatoire. L’URPS médecins et l’Ardoc mettent leurs espoirs dans le projet Territoire santé numérique francilien porté par les URPS, l’AP-HP et l’ARS, et en attente du feu vert du gouvernement.
En conclusion, si les médecins peuvent trouver certains outils informatiques utiles dans leur pratique – comptabilité plus simple, rédaction des ordonnances – ils évoquent également l’aspect chronophage, le coût important des différents équipements et les nombreuses pannes ou problèmes de connexion – principalement sur le site Ameli. Les logiciels ne sont pas toujours bien adaptés à leur pratique et peuvent avoir un côté « usine à gaz », les médecins reconnaissent cependant que l’informatique est à la fois indispensable et inévitable : « il faut bien faire avec », confient-ils. Certains regrettent un problème de compatibilité entre les différents logiciels et souhaiteraient davantage d’harmonisation ou de normes. La simplification des tâches administratives grâce à l’informatique afin de libérer du temps médical reste encore à améliorer.
Dr Claude Martineaux et Dr François Wilthien,
Coordonnateurs de la commission collège médecine générale – URPS Médecins
Dr Patrick Assyag et Dr Philippe Renard,
Coordonnateurs de la commission collège à exercice mixte – URPS Médecins
Dr Frédéric Prudhomme
Vice-Président de l’ARDOC
Enquête auprès des médecins de + 60 ans
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