Rôle du médecin post-confinement
Chères consœurs, chers confrères,
Le 11 mai approche et notre région classée rouge connaîtra un déconfinement progressif.
Le plan ministériel tel qu’il nous a été présenté par le préfet de région et le directeur général de l’ARS repose sur le « dépistage, traçage, isolement » des patients suspects pour casser les chaines de transmission COVID 19. Ce qui s’avère particulièrement compliqué dans les territoires à forte densité.
Cette stratégie s’appuie sur la première ligne : nous, les médecins libéraux en ville.
Bien entendu, nous répondrons présents comme nous le faisons chaque jour. Toutefois, le modèle organisationnel et les modalités prévues ne sont pas sans soulever quelques questions de principes que nous avons pointées, et sur lesquelles nous souhaitons attirer votre attention, car si cela est encore en attente d’un cadre juridique clair, l’Assurance maladie en fait déjà la communication auprès des médecins.
Dans le modèle qui nous est présenté, c’est le médecin traitant qui a pour charge le repérage du patient suspect de contamination.
Au terme de sa consultation, c’est le même médecin qui se voit confier la responsabilité d’effectuer le signalement à l’Assurance maladie sur un site ad hoc Ameli.fr, au travers d’une déclaration nominative du patient malade Covid et des personnes potentiellement contacts, signalées par le patient, sans les en informer au préalable. A la suite de cette déclaration, ce sont les équipes administratives de l’Assurance maladie qui prendraient le relai, à la fois pour suivre le bon confinement du patient et pour pister les cas contacts.
Pour ce faire, le médecin bénéficierait d’une consultation revalorisée et qui peut même être majorée pour chaque nom de personne contact signalée.
Tout cela mérite réflexion, à la fois sur le respect du droit des patients et sur la mission de déclaration nominative confiée au médecin, mais aussi sur le lien discutable entre l’information éclairée d’un patient aboutissant à une déclaration nominative et un bénéfice financier.
Nous avons pensé qu’il était important de relayer les interrogations que nous avons et qui commencent à agiter le corps médical. Le bénéfice en matière de santé publique dans une situation d’exception peut-il s’appuyer sur ce type de pratiques ?
Le débat sur cette organisation est en cours, y compris à travers des textes législatifs sur le prolongement de l’état d’exception sanitaire avec peut être une possibilité de déclaration sans le consentement du patient. Nous ne manquerons pas de vous tenir informés des mesures définitives de ce plan que chacun de vous jugera en acteur de santé publique responsable et dans le respect de ses engagements professionnels et valeurs personnelles dans ce contexte épidémique.
Bien à vous,
Le Bureau de l’URPS
Dr Bruno SILBERMAN, président, Dr Frédéric PRUDHOMME, vice-président, Dr François WILTHIEN, vice-président, Dr Georges SIAVELLIS, trésorier, Dr Marc BAILLARGEAT, trésorier adjoint, Dr Eric TANNEAU, secrétaire général, Dr Jean-Luc LEYMARIE, secrétaire général adjoint, Dr Dominique GIGNAC, secrétaire général adjoint.