Le cumul emploi-retraite, c’est la possibilité pour un médecin à la retraite de continuer ou de reprendre une activité médicale libérale ou salariée.
Actuellement, 12 141 médecins retraités soit 10 % de la population active des médecins libéraux ont fait ce choix. Les motivations de poursuivre ou reprendre sous cette forme sont diverses et ne reposent pas uniquement sur la recherche d’un complément financier de retraite car au final le calcul est subtil…
En tant que médecin libéral inscrit au conseil de l’Ordre, vous êtes obligatoirement affilié à la Caisse Autonome de Retraite des Médecins de France (CARMF). Vous cotisez à trois régimes de retraite :
Vous cotisez également à un régime de prévoyance : le régime invalidité-décès.
Pour bénéficier du cumul intégral, c’est-à-dire sans limitation de revenus, vous devez remplir les deux conditions suivantes :
Dans le cas où vous ne remplissez pas ces conditions, vous entrez dans le cadre du cumul avec limitation de revenu. Si vos revenus (BNC) dépassent le plafond autorisé (Plafond de Sécurité Sociale : PSS = 43 992 € en 2023), le versement de votre retraite est alors suspendu à concurrence du dépassement selon des conditions déterminées par décret. Cette règle s’applique jusqu’au jour ou vous atteindrez une des deux conditions listées au point 1.
A noter les revenus tirés d’activités de permanence des soins (forfaits, actes ou astreintes) dans des zones déficitaires ne rentrent pas dans le calcul du BNC retenu par la CARMF. Ceci ne vaut pas pour les activités de régulation médicale effectuée dans le cadre PDS ou non.
Si l’on s’en tient à un calcul purement financier le choix du cumul emploi retraite pour un médecin libéral qui poursuit son activité libérale doit tenir compte du fait que :
Si vous faites le choix d’un statut salarié pour poursuivre votre activité après avoir liquidé votre retraite libérale, vous cotiserez alors via votre employeur au régime de base CPAM et vos cotisations vieillesse CPAM sont productives, de plus vous ne serez pas soumis au régime de la limitation de revenu.
Le site de la CARMF peut vous donner quelques premières orientations pour vous aider dans votre choix mais cela mérite d’être bien expertisé.
Pour encourager les médecins à reprendre une activité libérale, après leur retraite, l’URPS médecins Ile-de-France a défendu en 2022 la mise en place d’avantages et notamment l’exonération des cotisations sociales versées à fonds perdus ou l’exonération fiscale de revenus tirés de l’activité en cumul emploi retraite.
Ce dispositif a été introduit par la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS 2023) mais le législateur a limité cet avantage à un an. Le décret n° 2023-503 d’exonération des cotisations CARMF 2023 paru le 24 juin 2023 précise les conditions d’applications.
Dans les faits, plusieurs barrières ont été instaurés pour rendre cette exonération inopérante ou difficile à obtenir :
Si votre revenu servant d’assiette pour le calcul de vos cotisations est inférieur ou égal à 80 000 €, vous serez exonéré de toute cotisation CARMF 2023. (Régime de base (RB), régime complémentaire (RC) et ASV)
L’évaluation de cette exonération devra être faite, mais il convient d’emblée de constater que tous les moyens n’ont pas été mise en œuvre pour la rendre suffisamment attractive et constituer un effet levier économique déterminant à la reprise d’activité en cumul emploi retraite.
A compter du 1er janvier 2024, les cotisations et donc les prélèvements reprennent pour les médecins libéraux en situation de cumul emploi retraite comme suit:
Régime de base
Les médecins en cumul retraite/activité libérale vont désormais pouvoir acquérir des droits au régime de base en échange de leur cotisation à condition d’exercer en cumul intégral, c’est-à-dire d’avoir liquidé leur retraite de base à taux plein et d’avoir liquidé l’ensemble de leurs pensions de base et complémentaires en France et à l’étranger.
Les cotisations versées permettront l’acquisition de points au régime de base, à compter du 1er janvier 2023.
Le montant de ces nouveaux droits est plafonné et ne devra pas excéder 5 % du plafond annuel de Sécurité sociale, soit environ 2 200 € avec le PASS 2023 fixé à 43 992 €.
Par exemple, un médecin avec 80 000 € de revenu acquiert environ 325 € bruts de retraite de base par an. Ainsi, il lui faudra plus de 6 ans d’exercice en cumul retraite/activité libérale pour atteindre ce plafond et n’être plus en mesure d’acquérir des points.
Les droits de vieillesse liés à la 2e pension de base, seront liquidés sans aucune majoration.
Il n’y aura par contre plus de possibilité d’acquisition de droits après cette seconde liquidation.
Régimes complémentaire et ASV
Pas de décision dans l’immédiat, les cotisations restent non attributives de droits.